
Il est 19 heures. Nous voici installé(e) à la terrasse du restaurant Le Victor Hugo à Valence. Notre choix est fait. En voici le détail :

Dès le début de notre conversation, Cécile m’indique qu’elle a déjà prévenu la responsable de la boutique, de son intention de mettre prochainement un terme à son contrat de travail. Elle a dit ignorer la date précise à laquelle elle voudrait retrouver sa pleine liberté… mais ce devrait être assez rapidement après les vacances d’été. Il lui a été confirmé que le délai à laisser courir entre la réception de la lettre de démission et son départ effectif était de deux mois.
Comme j’évoque la possibilité, pour moi, de l’emmener, durant une fin de semaine, à Villard-de-Lans – nous y resterions dans un hôtel pour les deux nuits du samedi et du dimanche -, elle reste le souffle un peu coupé, et puis…
– Petit coquin !… Mais, bien sûr ! Et il faut que ce soit le plus rapidement possible !… À la fin de la semaine prochaine, par exemple. Je suis sûre d’obtenir une seconde inversion d’horaires avec ma collègue qui s’était enchantée de celle demandée pour le samedi 1er juillet 2006.
– Il s’agirait donc dusamedi 3 et du dimanche 4 juin.
– Vous pourriez venir me prendre le samedi matin… relativement tôt, selon l’endroit d’où vous allez devoir venir…
– Je serai à Auxerre… Nous pourrions nous retrouver à la terrasse du restaurant Le petit Maxime sur la place Maurice Faure dans la vieille ville de Romans…
– Là où nos chemins se sont croisés pour la toute première fois en dehors de la cafétéria !… Oh, je m’en souviens comme si c’était hier !… Quel moment !
– Il me semble que c’était un matin assez tôt, et qu’il faisait relativement froid…
– Oui. J’y étais venue avec ma Mégane rouge bordeaux… Je devais passer à la boutique Marionnaud qui se trouvait à l’autre bout de la place… Elle a disparu depuis… Vous étiez seul, à pied, mais un peu loin de moi… Tout de suite, je vous avais aperçu, et mon cœur s’était mis à battre très fort dans ma poitrine. J’ai vraiment pensé que vous alliez venir jusqu’à moi. C’est terrible, quand j’y repense !… J’ai pris tout mon temps pour retourner à ma voiture, et je suis repassée sur la place après avoir fait très vite le tour du pâté de maisons, mais je ne vous ai plus vu. Cette fois, nous n’allons pas nous manquer !… et c’est très bien de revenir à cet endroit tous les deux. Si l’on m’avait dit cela alors !… Mais, désormais, tout est véritablement féérique !
– Nous y prendrons notre petit-déjeuner, vers 9 heures, par exemple. Il se peut que j’y arrive bien plus tôt… Mais nous pouvons dire 9 heures… Par contre, il y a le problème des bagages que vous devrez emporter jusqu’au bas de la ville… à moins que nous ne passions les prendre chez vous avant de partir pour Villard-de-Lans.
– Non, non… C’est que, vous ne le savez pas encore, mais j’ai une valise à roulettes du plus bel effet !… Je m’y vois déjà… et vêtue d’une robe vraiment « olé olé » que je viens tout juste de recevoir et d’essayer !… Vous m’en direz des nouvelles, mon amour !… Dans la descente de la côte des Cordeliers, ça va être tout à fait affriolant !… Je ne vous dis pas. Et puis, tout à coup, je vous vois attablé…
– En face, sur le parking, vous découvrirez une autre voiture… Ce ne sera pas une BMW, cette fois-là, et vous la reconnaîtrez aussitôt par sa forme et puis, surtout peut-être, par sa couleur. Mais, pour qu’elle n’arrive pas comme une parfaite étrangère samedi matin, il faut que je vous donne différentes indications quant à mon mode de vie en région parisienne…
– D’avance, je suis très impressionnée… C’est donc là que j’irai vivre avec vous, si ma petite semaine d’épreuve ne tourne pas trop mal… Nous y veillerons, vous et moi… Ça vous fait rire !… Dites-moi le nom de la localité… Mais laissons tout de même monsieur le serveur nous apporter la suite… Je le vois qui arrive… Oh, la, la, c’est magnifique… et puis, vous avez vu tout ce monde !… On dirait que c’est jour de fête !… Mais nous voici à nouveau tranquilles… Dîtes-moi où vous allez m’emporter le samedi 1er juillet 2006…
– Dans une localité d’environ 17.000 habitants. C’est donc plus petit que Romans… Elle se situe à 30 kilomètres du centre de Paris et à 14 kilomètres de Versailles. Il s’agit du domaine d’intervention de la seconde voiture… qui ne viendra ici que pour se présenter à vous, et vous donner les moyens de vous livrer à quelques excès aux environs de sa carrosserie…
– Vous êtes en train de me mettre dans un état pas possible, alors que nous sommes encore loin du dessert… Le nom de cette ville ?
– Les Clayes-sous-Bois.
– C’est un très beau nom !…
– Il y a quelques années, alors que je n’y étais jamais venu, la municipalité a loué cette exposition Jean Moulin dont j’aurai bientôt l’occasion de vous parler plus complètement, et elle a invité ma compagne – Françoise – et moi à animer une conférence-débat sur ce sujet… L’accueil a été tel que j’ai gardé en mémoire cette destination tellement proche de la capitale… La vie a fait que je m’y suis installé – mais seul – il y a cinq mois… J’y ai, en effet, acquis une propriété de dimension moyenne qui se situe dans l’avenue du Parc, à 200 mètres du parc de Diane…
– Impossible, pour moi, de tenir en place !… Qu’est-ce donc qui m’arrive ?… Heureusement, nous avons déjà beaucoup travaillé ensemble… Et je me sens déjà beaucoup moins étrangère à ce monde que je vais découvrir, très vite, maintenant…
– Avec tous les déplacements qui sont les miens, je ne pouvais pas laisser cette maison et le terrain qui l’entoure à la merci de visiteurs indésirés, et puis, il y a tout ce qui concerne l’entretien de la pelouse, le petit travail de réparation de ceci ou de cela, etc. J’ai donc choisi de prendre une personne de confiance à mon service, pour remplir toutes ces tâches et quelques autres. Très vite, le maire des Clayes m’a mis en contact avec une dame qui a maintenant un peu plus d’une cinquantaine d’années. Elle est veuve. Elle a deux filles qui font leur propre vie ailleurs. Elle loge dans une petite maison qui se trouve à peu près à huit cents mètres de ma propriété. Elle se prénomme Marie. Dès votre première rencontre avec elle, il ne faudra pas que vous hésitiez à l’appeler « Marie », à peu près comme si vous la connaissiez depuis toujours. En retour, elle vous dira : « Bonjour, madame Cécile », de la même façon qu’elle me dit : « Monsieur Michel ». Non seulement elle veille sur l’ensemble de la propriété en prenant sous sa responsabilité les artisans venus s’y affairer à sa demande – je règle moi-même les factures correspondantes -, mais elle prépare également les repas, et s’active à tout ce qui s’y rattache. Elle se rend dans les magasins d’alimentation, etc. Chaque fois, tout est très précisément noté dans un grand cahier de compte qui correspond à un budget mensuel précis qu’elle gère à partir d’un compte bancaire qui est libellé à son nom, et sous la désignation qui est reprise dans son contrat de travail : « gouvernante de monsieur Michel J. Cuny ». Quand je suis absent, elle vient quotidiennement faire le tour de la propriété, veiller que tout est en ordre à l’extérieur et à l’intérieur de l’habitation, et puis, elle rentre chez elle. Par contre, sitôt que je lui téléphone pour annoncer mon retour à un moment déterminé, elle prépare, s’il y a lieu, le repas correspondant, qui peut inclure un ou deux invités par exemple ; elle veille sur le choix des mets et des boissons après m’avoir consulté, et elle assure le service, le débarras, etc.
– Vous avez mis en place une organisation très précise et très souple, à la fois… Si vous finissez par me garder avec vous après le début du mois de septembre prochain, quelles seront les tâches qui me reviendront dans le contexte que vous venez d’évoquer.
– Vous serez dans la même situation que moi : Marie veillera sur tout ce qui vous sera nécessaire pour vous permettre de vous consacrer, à plein temps, à votre tâche de « collaboratrice de Michel J. Cuny ». Mieux, nous serons ensemble « maître et maîtresse de la maison Cuny-Delyle ».
– Et voici maintenant le dessert !… Comme si, après tout ce que vous venez de me dire, il en fallait encore un pour moi !… J’ai la tête qui bourdonne d’idées de caresses que je veux échanger avec vous dans les toutes prochaines minutes et plus ou moins à découvert dans la voiture telle qu’elle est garée en ce moment… Si j’osais…
– Osez, Cécile ! J’en ai peut-être bien envie autant que vous ! Mais c’est à vous de mener le char de la luxure ! Notre repas s’achève.
– Je passe donc immédiatement aux aveux… Parce que cela sera moins facile dans la voiture – et pour une autre raison encore -, je vais me rendre aux toilettes, et j’en profiterai pour enlever mes sous-vêtements, et faire glisser de quelques petits centimètres la fermeture éclair dans le haut de ma robe, de façon à pouvoir dégager un tout petit peu mes épaules… Si vous me le permettez, j’aimerais qu’au moment du règlement, le serveur ne puisse pas éviter – selon la place qu’il a prise, par trois fois déjà, près de moi pour s’adresser principalement à vous – de jeter un œil sur ce qu’il pourra voir nettement de mes seins depuis la position haute qui sera la sienne, tandis que vous lui parlerez… Vous devrez ensuite me dire si, effectivement, les choses se sont passées comme je m’y attends… Et très vite, nous irons dans la voiture, là où elle est pour l’instant – c’est-à-dire encore un peu visible d’ici, et placée près du lieu de passage des promeneuses et promeneurs du soir… Ce sera pour le petit bout de ton doigt, mon amour… Je cours me préparer… À mon avis, il ne viendra qu’après, ne sachant pas qui de nous deux réglera la note…
Michel J. Cuny
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