
De fait, des groupes épars de piétons se déplacent à environ une dizaine de mètres de la BMW qui est dans une zone relativement sombre… Après avoir très vite manipulé la fermeture éclair de sa robe dans son dos, ce qui lui a permis de dégager davantage la partie haute de ses seins, Cécile place son pied droit sur le rebord du vide-poche qui est en bas à droite devant elle ; elle fait ensuite remonter sa robe jusqu’au haut de sa cuisse droite, et, sans crier gare, se prend à me parler d’une façon totalement inattendue pour moi, mais sans doute pour elle aussi…
– Michel, mon amour, mon prince, quelles peuvent être, pour nous, les conséquences à tirer de l’initiative que j’ai prise de me déflorer moi-même ?…
– Tout dépend du sens que vous lui avez attribuée…
– Je voulais me protéger de toute intervention extérieure, et ne surtout pas me trouver, à mon tour, victime d’un « il » à la façon de celui qui sera devenu mon père… Et tout à la fois, je voulais pouvoir jouir sous la seule emprise de mon propre désir, et dans des conditions que je serais seule à déterminer… Comme tout de suite, où je glisse ma main sur le bas de mon ventre… pour atteindre ma petite fourrure que voici !…. Et là, je m’arrête, et je redeviens sage… et j’enchaîne… Dès que j’ai su que l’objet qui pouvait me délivrer de ma virginité m’était accessible, sans que j’aie à me livrer au jugement moral de qui que ce fût, je me suis chargée d’établir une commande par correspondance qui pourrait l’envelopper un peu… Je m’y revois, les mains tremblantes… Et cela a recommencé, sitôt que j’ai vu le colis dans ma boite à lettres… Je doutais encore d’y trouver le moyen de ma délivrance. Et pourtant, il était bien là… Aussitôt, je suis allée le passer sous l’eau ; je l’ai très soigneusement frotté, et je l’ai rangé, à portée de ma main, sur ma table de nuit… Michel, je crois que j’ai bien fait de replier soigneusement ma belle robe bleu marine sous moi… Je fonds littéralement… Je voudrais maintenant que nous échangions un très long baiser pendant lequel vous pourriez faire glisser, petit à petit et en l’avançant au ralenti pour que j’en sente bien la progression, votre main gauche depuis mon genou jusqu’au haut de ma cuisse…
– Et je m’arrêterais tout juste au moment où je serais en situation de toucher votre sexe… sans le toucher pourtant…
– Oui, mon amour… Et comme je suis installée maintenant, je crois qu’on ne pourrait voir que le baiser, sans se douter du mouvement d’en bas, entre mes cuisses… Voilà, maintenant, vas-y : touche mon sexe avec ta main, mon amour, dont les doigts sont allongés ainsi que je les sens !…
– Il t’inonde, ma chérie !…
– Oui !… Touche-moi encore un peu, en appuyant… Je crois savoir comment faire basculer doucement le dossier de mon siège… Voilà… J’écarte un peu plus les jambes… Nous allons partir immédiatement après que l’un de tes doigts aura entrouvert ma vulve… Oui, oui… Oh mon amour, sauvons-nous !… pour aller nous engager davantage dans la luxure… C’est que je voudrais recevoir un peu plus encore de ton doigt, en portant mes jambes bien plus haut vers le ciel, lorsque nous serons tout à côté de la voie rapide, masqués par un buisson… si la place à laquelle je pense n’a pas déjà été prise quand nous y arriverons.
Quelques toutes petites minutes plus tard, nous y sommes…
– Avec une chance !… J’y étais venue pendant la semaine, et à peu près à cette heure-là. Comme vous allez devoir partir très vite pour Genève, il ne faut pas que je vous fatigue trop avec mes caresses sur votre sexe…
Rejoignant aussitôt l’endroit où il est manifeste qu’à travers le tissu de mon pantalon celui-ci n’est déjà plus tout à fait sage, la main de Cécile vient doucement l’envelopper tandis que, par des va-et-vient circulaires lents et caressants, ses doigts en font s’accroître progressivement la dureté…
– Mais, viens, que je le prenne dans ma bouche, mon chéri… et tout spécialement maintenant que certains commencent à allumer leurs feux de croisement…
Or, comme je ne voulais plus que sa caresse s’arrête sans m’avoir vidé de mon sperme, c’est par des mouvements conjugués, à la fois doux et vigoureux, d’aspiration de ses lèvres et de succion de sa langue, que Cécile soumet mon pénis à une pression qui devient de plus en plus forte et irrésistible tout en exigeant de moi que je me retienne jusqu’au moment où, se dégageant de moi, elle aura peu à peu hissé ses jambes écartées, ses mollets saillants à damner tous les saints de la terre, et ses chevilles si précisément dessinées, en direction du toit de la BMW … et tout spécialement quand nous serions presque sûr(e) d’être vu(e) par tel ou tel… puisqu’elle m’a bien vite dit d’avancer la voiture au-delà de cette protection qui lui était apparue comme absolument nécessaire avant que son sexe et toute sa personne se fussent trouvés dans un état d’excitation tout simplement inqualifiable !… Et la voici qui revient vers moi, et qui reçoit, sur et dans sa bouche, la substance impérieusement attendue…
Nous nous étreignons longuement… Le moteur ronronne, puis accélère son rythme, tandis que Cécile redevient une dame très sage tout en me disant…
– Je me demande si, quand je retrouverai mon appartement, ma robe ne sera pas tout simplement bonne à tordre, tellement j’ai joui, et déjà au restaurant avec cette affaire du serveur… Des idées comme celle-là, on ne peut pas dire que j’en manque…
– Eh bien, ce qui est certain, c’est qu’au total, mais en commençant avant même que vous ne lui facilitiez l’accès à cette partie-là de vos charmes, il n’a jamais cessé de s’y plonger…
– D’où nous pouvons déduire qu’il a peut-être compris qu’à la fin, ma robe était ouverte pour lui en particulier, et parce que vous m’aviez invitée à lui en offrir davantage…
– En tout cas, son plaisir était devenu tellement criant qu’il s’est mis à rougir vivement ainsi que vous l’avez vu comme moi.
– Et c’est là que m’a prise cette envie irrépressible, malgré la leçon que je m’étais faite, d’absorber dans ma bouche votre sexe jusqu’à vous procurer cette extrême jouissance où il se vide de sa substance, a resurgi avec une terrible intensité dans les premières lueurs des phares de la voie rapide… Vous allez devoir être très prudent, Michel, mon seigneur et maître, en emportant toute cette fatigue…
– Dont je me remettrai très vite, rien qu’en pensant à vos si extravagantes galipettes sous les phares de la grande morale !… Nous voici à votre porte, Cécile, diablesse du sexe ! D’ici, je verrai la lumière s’allumer chez vous… Je ne partirai qu’à ce moment-là… Comme je vous l’ai dit, je vais rester plusieurs jours à Munich, c’est-à-dire jusqu’à la nuit du lundi au mardi… Au matin de ce jour-là, je me mettrai en route pour les Clayes-sous-Bois, où je passerai toute une partie de mes journées à rassembler les éléments que j’aurai recueillis à Munich, à répertorier les contacts qui m’auront été fournis dans différentes villes universitaires allemandes et, peut-être, même à Vienne en Autriche…
– Là où Freud a vécu…
– Oui… Un endroit que je ne connais pas encore, et qui pourrait être le but de l’un de nos premiers voyages à l’étranger…
– Si je deviens un peu plus, peut-être…
– Non. Tout au contraire… Quand vous serez complètement dépravée, et prête à tout pour jouir et me faire jouir…
– Et c’est là, à la minute, que je vous dis : « Tu montes, chéri ? »… C’est désolant ! Une jeune femme tellement prude jusque-là… Un pareil effondrement moral en deux ou trois semaines… Redevenons sérieux, sinon je ne vous vois pas à Munich, ni même à Genève avant le début de l’hiver…
– Donc, le vendredi matin, c’est-à-dire le 2 juin, je prendrai la route avec la seconde voiture pour rejoindre Auxerre, et le lendemain, avant neuf heures, je serai à la terrasse du Petit Maxime…
– Trêve de plaisanteries… Il va falloir que je sois très forte pour supporter de rester tout ce temps-là loin de vous !…
– J’y ai pensé, Cécile, ma chérie… Je vous demande une toute petite minute. J’ai apporté quelque chose pour vous. C’est dans le coffre de la voiture… Voilà : il s’agit d’un petit livre que j’ai publié en 1998. Je vous en dis le titre… pour qu’il s’inscrive entre nous alors que nous sommes encore sous l’emprise d’émotions exceptionnellement fortes que vous venez d’ailleurs de si bien confirmer : « Amour, Beauté, Désir – Quel avenir ? À quel prix ? »
La portière se referme. Cécile traverse la rue, entre dans le hall de l’immeuble… Déjà, au second étage, à l’endroit qu’elle m’a indiqué, la lumière vient éclairer une petite main qui s’agite… Je me laisse aspirer, dans une nuit déjà bien avancée, par le souffle d’un très grand bonheur… Le tableau de bord brille de tous ses feux, et tandis que s’élève, peu à peu, le début du premier mouvement du quatuor à cordes numéro 16 de Ludwig van Beethoven, je me laisse aller à pleurer tout doucement… Le carrefour « Marionnaud » est là, tout près…
Michel J. Cuny
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