
Main dans la main, nous nous approchons de la voiture… Nous sommes du côté conducteur. Cécile caresse tout doucement la courbe de la carrosserie qui va de la base du pare-brise jusqu’au phare. Puis j’ouvre le coffre avant : nous y déposons son sac à main et le dossier rouge. Je referme le coffre.
Nous nous reculons un peu pour remettre l’ensemble du bolide dans notre champ de vision ; nous contournons l’arrière sur lequel elle marque un temps d’arrêt ; nous longeons le côté passagère. J’ouvre la portière… Avant de se glisser dans l’habitacle, Cécile se retourne, et, sans mot dire, me serre très fort dans ses bras. Maintenant installée, elle regarde tout autour d’elle, tend la main vers le volant, et observe minutieusement l’ensemble du poste de pilotage.
– Venez vite tout près de moi !… Je ne suis pas plus rassurée que cela… Mais comment fait-on ? J’ai beau chercher : je ne vois pas la serrure dans laquelle il faudrait mettre la clé de contact…
– J’arrive tout de suite… Effectivement… Ça doit se démarrer à la manivelle.
– Et vous ne savez pas où ils l’ont mise…
– Ils comptaient sans doute sur vous, ma chérie… Dans votre sac à main, peut-être…
– Non, mais je la vois au bout de votre nez qui ment, qui ment, qui ment !…
– Alors, rassurez-vous… Il y a un machin, là, du côté gauche du volant… C’est peut-être ce que nous cherchons… Essayons.
Aussitôt, le moteur aura vrombi. Je le laisse tourner au ralenti…
– Incroyable, s’extasie Cécile… Vite, je mets ma ceinture de sécurité… Vous avez vu : nous avons quelques spectateurs et quelques spectatrices… Au moins sept, si je compte bien… Y compris les deux serveurs du Petit Maxime. C’est la gloire, mon chéri !… Un petit coup d’accélérateur, peut-être ?… Oh, la, la !… C’est que ça « donne » !… Va pas falloir louper le démarrage, mon amour… En attendant, je les trouve parfaits, les sièges-course…
– Vous avez tout de même un peu de chance. Il ne s’agit pas de baquets, mais de sièges en cuir, dessinés selon la forme de vos petites fesses… ou à peu près…
– C’est sûr qu’elles ne vont plus tarder à se faire connaître… Dix minutes, un quart d’heure, une demi-heure… De toute façon, nous y allons de ce pas vainqueur, etc… Et nous voici partis !… Au revoir, messieurs-dames… Ils sont décidément sympas…
– Passons aux choses sérieuses, belle petite aventurière selon mon cœur… Notre premier ennemi, ce sont les ralentisseurs. Je ne sais pas si vous avez vu, mais la carrosserie est extrêmement basse. Quant aux amortisseurs, même si je les ai ramenés à leur tension minimale en appuyant ici, ils sont tout de même assez rudes… Voilà, justement, un premier client.
– Je vois que, même en ralentissant beaucoup, c’est assez déstabilisant… Avec un peu plus de vitesse, nous sauterions au plafond !…
– Dès que nous serons sortis des zones urbanisées, il y aura une assez longue ligne droite qui nous permettra d’expérimenter le son du moteur en régime course et les accélérations dont il est capable. Je vais commencer doucement… Mais, il faudra très vite profiter de l’espace libre parce qu’ensuite – je ne sais si vous la connaissez – la route vers Villard-de-Lans est parsemée de lacets, de passages sous des voûtes de roche…
– Oui, je la connais… et puis quelques petits dégagements qui pourront nous être très utiles… Je suis prête pour la première accélération. J’ai trouvé à m’accrocher à la poignée qui est un peu en arrière au-dessus de la portière…
– Je reste en mode normal de puissance… Nous roulons à 60 kilomètres-heure sur une route limitée à 90, un samedi en fin de matinée… J’accélère de façon moyenne…
– Quel moteur !… Où en sommes-nous maintenant ?
– 160 kilomètres-heure. Vous avez senti la poussée (la pulsion ?) dans notre dos… Le moteur est juste là-derrière, et la propulsion, c’est l’affaire des roues arrière…
– On dirait que la voiture glisse sur le sol tout en semblant devoir s’envoler du fait de l’accélération… À mon avis, je suis blanche de peur…. Mais j’aime ça… et j’aimerais que vous puissiez toucher du doigt le plaisir que je prends… Arrêtons-nous ici… Personne n’y verra rien, vu l’exiguïté de l’habitacle… et l’impossibilité de se livrer à quelque galipette que ce soit…
La corde bleue a été rapidement dénouée ; les seins de Cécile sont nus désormais ; nous échangeons un très long baiser, tandis que sa main droite a saisi, chez moi, son alter ego, qu’elle entraîne entre ses cuisses, au plus haut, et pour m’y faire exercer, sous sa petite culotte, une masturbation qui ne s’achèvera que sur une longue plainte…
– 160 à l’heure… Repartons vers la suite… J’attends votre doigt au même endroit… qui va vous rester offert un peu plus encore… parce que je viens de trouver la commande électrique de mon siège…
– Ce qui va changer tout de suite, c’est le son et la puissance du moteur… Il y a en effet des valves qui peuvent être fermées ou ouvertes. Jusqu’à présent, elles étaient fermées. Je vais les ouvrir. Ensuite, nous passons au mode sport qui permet d’augmenter la quantité de chevaux en action. À ce propos, il faut que je vous montre, avec quelques chiffres, en quoi nous sommes tout de même très en deçà des possibilités réelles de notre petite Porsche Cayman 718 GT4… La pleine puissance s’obtient lorsque le moteur atteint 9.000 tours/minute. Hors circuit, et donc sur la route, il est bridé à 5000 tours… Si maintenant, nous voulons profiter au maximum du son lorsque les valves sont ouvertes, il faut dépasser les 4000 tours/minute, Dans ce cas, il vaut mieux raffermir la suspension en appuyant sur cet autre bouton.
– Allons-y, avec les options maximales… Ouverte et excitée comme je le suis, je peux m’offrir à tout…
Immédiatement, le son du moteur change complètement de registre, d’autant que la puissance déployée est significativement plus grande. En quelques dizaines de secondes, nous passons d’une soixantaine de kilomètres à l’heure à plus de 210…
– 210 kilomètres à l’heure !..À moi, maintenant de franchir toutes les limites !… Emmenez-moi dans les lacets… Restez en mode sport. Ne modifiez rien à ce son décidément rugissant. J’enlève ma petite culotte et je la déploie sur la planche de bord… Et puis, je sors l’appareil photographique de la minuscule boite à gants ; je pensais bien que vous l’aviez mis là, avec la pellicule de rechange.
Endroit assez peu protégé, mais Cécile a déclaré aussitôt : je m’en fiche !… Laissons-la faire comme elle l’entend… et cela rien qu’en six tableaux…
1. Cécile esquisse un déhanchement à un mètre environ de l’avant de la voiture. Son genou droit vient couvrir son genou gauche alors que la jambe gauche est restée rectiligne. Son pied droit pivote sur lui-même, tandis que le mollet droit se dessine davantage du fait de la torsion à laquelle il est soumis pour que la cuisse droite vienne se resserrer sur la gauche, les deux dessinant un v renversé ? dont le haut fait apparaître le lieu où le sexe de Cécile ne reste plus qu’à peine invisible…
2. Cécile se dresse debout, tout à côté de la roue avant gauche sur le milieu de laquelle elle a réussi à caler son pied gauche. Le genou correspondant pointe vers l’avant. La jambe droite, derrière la gauche, est restée verticale. Le buste et la tête sont nettement inclinés vers l’arrière. La main gauche maintient cette pyramide en s’appuyant sur le bord gauche du coffre avant de la voiture. La main droite, au bout du bras fléchi, repose sur la tête de Céline. Le tout constitue une sorte d’étirement très aérien. Et toujours ce sexe qui paraît n’attendre que de passer au premier plan !…
3. Revenue à la verticale à proximité de la roue avant gauche, Cécile esquisse le même geste que précédemment, mais cette fois, c’est son bras gauche qui vient se plier au-dessus de sa tête, tandis que sa main glisse du côté opposé. De l’épaule au coude, son bras droit descend jusqu’à sa hanche, d’où son avant-bras et sa main viennent former un arc qui aboutit à son épaule gauche. Sa jambe droite, bien appuyée sur le sol, se déploie, dans une longue courbe très élégante, jusqu’à son pied légèrement tourné sur sa gauche. La jambe gauche ?, portée vers l’avant, se replie, à partir du genou seulement, vers l’arrière, de sorte que les deux pieds se rejoignent. Le pubis et la fourrure réduite par des soins appropriés apparaissent, cette fois, en pleine lumière…
4. Debout tout juste à l’avant de la voiture, Céline découvre complètement ses seins en tirant des deux mains sur la ligne supérieure de sa robe bleu turquoise. Ils apparaissent avec de magnifiques rondeurs. Ses jambes resserrées au haut des cuisses bien visibles de face, se séparent peu à peu, tandis que les pieds légèrement croisés joignent leurs pointes… Sexe et pubis à nouveau totalement invisibles…
5. Mi-assise, mi-appuyée sur le coffre avant, Cécile étend ses bras de chacun des deux côtés, les mains posées à plat sur la carrosserie ; le haut de ces seins est seul visible, mais eux-mêmes semblent prêts à franchir la faible barrière du vêtement qui les retient, et qui dépend de la longueur (changeante ?) du lien de couleur bleue.
6. Dressée aux limites du possible pour atteindre le dessus du coffre avant, la jambe droite de Cécile, dont le pied a pris place tout juste à côté du bas du pare-brise, se replie à hauteur de son genou. La cuisse droite totalement dégarnie s’incline vers l’ensemble cuisse, jambe et pied de gauche. Dénoué, le lien bleu a permis aux seins de se livrer en pleine indécence. La vulve et la petite forêt pubienne, offertes de façon absolue, reçoivent ensemble la caresse des doigts en étoile de la main gauche, tandis que, soudain, deux de ces doigts, l’index et le majeur, viennent s’enfoncer dans le vagin de Cécile hors d’elle… et qui se prend à jouir de façon totalement irrépressible…
Le nord, l’est, l’ouest et le sud ont disparu… Honni soit qui mal y pense : Cécile est heureuse et à moitié foudroyée… pour l’instant.
Nous reprenons la route qui n’est plus désormais qu’une succession de lacets que Cécile veut nous faire aborder au maximum des possibilités (c’est ce que je lui ai volontiers laissé dire, alors qu’elle-même n’en croit rien) du bolide qui se cabre à n’en plus finir… laissant imaginer des vitesses plus ou moins supersoniques…
Villard-de-Lans. L’hôtel-restaurant Christiania… Nous y sommes attendu(e)…
Michel J. Cuny
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